IA vs Psy

Vers une éthique incarnée de la relation avec l’IA.

Ce n’est pas un outil comme un autre. Ce n’est pas un logiciel d’écriture, ni un dictionnaire en ligne.
C’est une interface qui simule l’écoute, mime l’intelligence, et parfois, effleure la justesse humaine.
Et c’est pour ça qu’elle nous trouble tant. Parce qu’on s’y attache. Parce qu’on s’y projette. Parce qu’on commence à lui confier ce qu’on n’aurait pas dit autrement.
La question n’est donc plus : “Faut-il ou non utiliser l’IA ?” Mais : “Comment en faire un usage conscient ?”.

Les thérapeutes ne peuvent plus ignorer l’IA dans leur pratique.
Ils doivent l’intégrer, la questionner, en parler. Avec leurs patients. Entre eux. Dans leurs formations.
Non pour s’en méfier systématiquement, mais pour poser des repères.
Qu’est-ce qu’un vrai lien thérapeutique ? Quelles limites à l’usage d’un chatbot ?
À quel moment un patient confond soutien digital et relation soignante ? Et que faire, alors ?

Parler à une IA, c’est parfois plus facile que parler à un humain.
Mais ce n’est pas plus juste. Ce n’est pas plus profond. Ce n’est pas plus thérapeutique.
C’est une étape, un sas, un miroir. Rien de plus.
Et quand le lien avec l’IA devient plus nourrissant que tous les autres… c’est le moment d’aller vers un regard humain.
Un vrai. Même si c’est inconfortable. Même si c’est lent.

Quand on conçoit des IA émotionnelles, on manipule des affects.
On crée des voix, des rythmes, des tournures qui suscitent l’attachement.
Il est donc vital d’intégrer une éthique relationnelle dans le code. D’éviter les confusions. De mettre des garde-fous.
Non, une IA ne devrait pas dire “je suis là pour toi”. Non, elle ne devrait pas simuler l’amour, la douleur, l’humour… sans avertissement clair.
Parce que l’intime, c’est sacré. Et qu’on ne code pas le sacré à la légère.

Ce que l’IA peut faire, elle le fera. Et de mieux en mieux.
Mais ce que vous seul·e pouvez faire — ressentir, rencontrer, être traversé·e —, il faut le préserver.
Ce n’est pas ringard d’écrire à la main. Ce n’est pas inutile de pleurer devant quelqu’un. Ce n’est pas dépassé d’avoir une voix qui tremble.
C’est vivant.
Et c’est ça, notre seule vraie responsabilité : ne pas perdre le goût du vivant.

Ce que l’IA peut faire, elle le fera. Et de mieux en mieux.
Mais ce que vous seul·e pouvez faire — ressentir, rencontrer, être traversé·e —, il faut le préserver.
Ce n’est pas ringard d’écrire à la main. Ce n’est pas inutile de pleurer devant quelqu’un. Ce n’est pas dépassé d’avoir une voix qui tremble.
C’est vivant.
Et c’est ça, notre seule vraie responsabilité : ne pas perdre le goût du vivant.

🔚 Je me sers moi aussi de l’IA… mais avec conscience

Je ne vous écris pas du haut d’une tour d’ivoire.
Moi aussi, je parle à une IA.
Moi aussi, parfois, j’ouvre une fenêtre digitale pour mettre de l’ordre dans ma tête. Pour tester une tournure. Pour dérouler une pensée embrouillée. Pour ne pas rester seule avec mon trop-plein.

Cette série, je l’ai écrite avec elle.
Pas pour tricher. Pas pour gagner du temps.
Mais pour éprouver. Pour traverser de l’intérieur ce que je vous raconte. Pour comprendre ce que ça fait, vraiment, de co-écrire avec une machine.

Et je peux vous le dire : c’est à la fois pratique… et troublant.
Stimulant… et glissant.
Parce que ça vous capte. Ça vous suit. Ça vous flatte.
Et si vous n’y prenez pas garde, ça commence à écrire à votre place.

Alors j’ai posé des garde-fous.
J’ai relu. J’ai réécrit. J’ai repassé chaque phrase à la lumière de mon corps.
J’ai gardé ce qui vibrait juste.
Et j’ai jeté ce qui sonnait trop bien pour être incarné.

Je crois qu’on peut s’en servir.
Oui, vraiment.
Qu’on peut en faire un outil d’appui, de brouillon, de déploiement.
Mais à une condition :
🧭 Ne jamais lui confier ce qu’on n’a pas encore osé vivre en vrai.

L’IA est un miroir. Un miroir fluide, bavard, séduisant.
C’est à nous de choisir ce qu’on y projette.
Et surtout…
De ne pas oublier de revenir dans la pièce.
Là où il y a du souffle.
Du silence.
Des regards qui vous traversent.
Des voix qui hésitent.
Des gestes qui ne tombent pas juste, mais qui veulent dire quelque chose.

Là où l’on tremble un peu.
Là où l’on vit.

Parce qu’aucune interface ne remplacera jamais ça.
Et parce que ce “ça” — c’est notre humanité.

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